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03/10/2014

_The Science Fiction of Cordwainer Smith_

The Science Fiction of Cordwainer Smith : Karen L. HELLEKSON : 2001 : McFarland : ISBN-10 0-7864-1149-X : vii+158 pages (y compris index) : coûtait 28.50 USD pour un tp non illustré.

anglais,3 étoiles

Souvent présenté comme étant un auteur de SF "pour initiés", Cordwainer Smith (ou plus exactement Paul Myron Antony Linebarger) est certainement un des écrivains dont la renommée au sein du genre est la plus inversement proportionnelle à la production. Avec à peine un roman et trois dizaines de nouvelles (que l'on peut trouver rassemblés dans des intégrales en VF -chez PP ou Folio- ou en VO -chez NESFA-), il jouit d'une immense réputation parmi les amateurs. Paradoxalement, il existe peu d'études complètes (si ce n'est le très court Exploring Cordwainer Smith de Porter évoqué ici), c'est quasiment à la première "vraie" tentative que se livre Hellekson (à qui l'on doit d'ailleurs d'autres ouvrages de référence) en se basant sur son mémoire de maîtrise de 1991.

anglais,3 étoiles

Après une courte note d'introduction, l'ouvrage est divisé en six parties d'une petite vingtaine de pages chacune. La première est une biographie de l'auteur, elle est suivie par une étude des quelques romans non-SF de l'auteur (de l'espionnage). Hellekson compare ensuite deux versions de Drunkboat (une nouvelle inspirée de Rimbaud) puis étudie dans la partie suivante les divisions de l'humanité créées par Smith. Les deux derniers chapitres traitent respectivement du roman Norstrilia et de diverses nouvelles. De nombreux appendices sont fournis (bibliographie secondaire, index, liste de manuscrits), le plus important étant un glossaire des très nombreux termes inventés par Smith dans ses textes de la série de l'Instrumentalité.

anglais,3 étoiles

Même si la partie "analyse" est au final relativement réduite (puisque ne constituant qu'une grosse moitié du livre), le travail d'Hellekson est d'une grande qualité. Et ce d'autant plus qu'il s'appuie sur des sources (les propres manuscrits de Linebarger) jusqu'à présent inexploitées. La partie biographique est un plus important (même si elle aussi est sans doute trop courte) parce qu'elle permet de rendre un peu moins mystérieux un personnage sur lequel on a beaucoup supposé et beaucoup fantasmé (voir l'affaire Lindner qui resurgit encore parfois de nos jours comme avec la BD de Smolderen et Clerisse).

anglais,3 étoiles

Même si on aurait peut-être sans doute pu préférer qu'Hellekson développe d'autres aspects (l'exacte participation de la femme de Smith dans certaines oeuvres tardives) ou en réduise certains (le glossaire qui n'apporte rien de plus que celui de Lewis - évoqué ici - ou la partie consacrée aux textes mainstream de Smith), les analyses d'Hellekson sont très pertinentes et surtout factuellement très argumentées. Tout cela nous replonge avec délice dans l'univers si particulier de Smith, ce qui est, à mon sens, une réussite. En fait, on regrettera tout simplement (comme je l'ai déjà dit) que le livre ne soit pas plus long puisque seuls quelques textes sont vraiment abordés en profondeur et que la tapisserie que forme l'oeuvre de Smith n'est que survolée.

anglais,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

05/09/2014

_Demon Prince_

Demon Prince : The Dissonant Worlds of Jack Vance : Jack RAWLINS : 1986 : Borgo Press (série Milford/Popular writers of today #40) : ISBN-10 0-89370-263-3 : 104 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 7 USD pour un petit tp non illustré (existe aussi en hc -163-7), pas simple à trouver.

anglais,Vance,3 étoiles

Ce volume fait partie de la série de monographies d'auteurs (de SF en majorité) publiées par Borgo (et ses diverses incarnations) initialement dans les années 70 & 80 (voir ici pour la liste des titres). Il est donc consacré à Jack Vance, un des auteurs les plus connus du genre et qui, à l'époque, avait un peu levé le pied sur la production de textes de SF (la série des Alastor) et avait tenté une incursion dans la Fantasy "pure" avec la trilogie de Lyonesse. Il allait par la suite revenir à la SF pour ses derniers titres (les Caldwall et les Gaean Reach). A noter qu'il existe d'autres ouvrages sur Vance dont certains sont évoqués ici et .

anglais,vance,3 étoiles

Ce livre ne suit que partiellement les grandes lignes des titres de la même série. En effet, même s'il s'ouvre par l'habituelle chronologie et une brève introduction sur le personnage qu'était Vance, il abandonne la classique approche chronologique pour une exploration plus structurelle qui passe en revue successivement les mondes imaginés par l'auteur ("Vance's Worlds"), les astuces lexicales utilisées pour les décrire ("Vance's Words") et les intrigues et personnages que l'écrivain y déploie ("Vance's Plots"). Ces trois chapitres forment l'essentiel du volume et sont suivis par une courte conclusion qui évoque la (rétrospectivement brève) tentative de changement de genre de l'auteur et une assez longue (9 pages) interview. Une bibliographie secondaire sélective et un index clôturent l'ouvrage.

anglais,vance,3 étoiles

Cet ouvrage est un excellente surprise au sein d'une collection dont les titres sont souvent sans grand relief, généralement à cause de l'étroitesse du format imposé (embrasser la carrière d'un auteur en parfois une soixantaine de pages). Le choix d'une organisation originale s'avère ici payant et nous évite une n-ième liste chronologique, commentée et/ou résumée de la production d'un auteur. En se concentrant sur ce que décrit Vance, comment il le décrit et ce qu'il en fait par la suite, Rawlins se positionne en plein dans ce qui fait traditionnellement la force des écrits de l'auteur, à savoir l'évocation d'une société différente, y compris dans ses aspects les plus "ordinaires".

anglais,vance,3 étoiles

Il est aussi extrêmement rafraîchissant de voir que la posture de Rawlins sait aussi se faire critique, en particulier dans la dernière partie ("Vance's Plots"). En effet, l'auteur montre bien la quasi complète disparition de toute intrigue (et parfois de tout intérêt) au fur et à mesure de l'avancement de la carrière de Vance. Si, comme Rawlins le montre bien, il ne se passait déjà pas grand-chose dans les plus récents romans de Vance à l'époque de l'écriture de cet essai, le jugement aurait sans doute été encore plus sévère face à l'immobilisme de titres comme Lurulu ou Ports of Call. Mais l'on aime aussi Vance pour d'autres éléments que Rawlins détaille très bien : des sociétés vraiment autres (même si leur plausibilité est douteuse), un rythme reposant, un langage original (même si les francophones sont sans doute mieux armés pour en percevoir la construction) et surtout une "texture" détaillée qui lui est propre. En tout cas, il s'agit là probablement du meilleur livre sur Vance grâce à un "décorticage" approfondi et pertinent de la structure même de ses fictions.

anglais,vance,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

05/04/2014

_The Work of Ross Rocklynne_

The Work of Ross Rocklynne : An Annotated Bibliography & Guide : Douglas MENVILLE : 1989 (pour la première impression) : The Borgo Press ("Bibliographies of modern authors" #17) : ISBN-13 978-0-8095-1511-0 : 70 pages (y compris index) : coûtait une quinzaine d'USD pour un TP non illustré : A noter que l'exemplaire présenté est sans doute une réimpression POD tardive au vu du code "Lightning Source" de la dernière page.

The work of Ross Rocklynne.jpg

Cette bibliographie, comme d'autres évoquées ici, fait partie de la collection "Bibliographies of modern authors" éditée par Borgo à la fin des années 80 (même si, comme indiqué plus haut, cet exemplaire est nettement postérieur) et qui comptera une trentaine de titres dont une bonne moitié consacrée à des auteurs de SF, certains connus (Vance, Williamson) d'autres beaucoup moins (Ing, Bretnor ou Rocklynne comme ici). Ross Rocklynne (de son vrai nom Ross Louis Rocklin) est un auteur qui a collaboré régulièrement à tous les magazines durant l'âge d'or de la SF et, à en croire la préface de Cox, l'un de ces petits maîtres du genre maintenant oubliés.

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Cet ouvrage suit le canevas de la série et présente donc une succession de parties plus ou moins standardisées et de tailles inégales. On trouve tout d'abord une introduction par Arthur Jean Cox, une chronologie de la vie de l'auteur, puis la partie strictement bibliographie primaire : les livres de Rocklynne (qui se limitent à un recueil et la moitié d'un Ace Double), les nouvelles (Menville en liste 110 dont la majorité n'ont jamais été reprises), non-fiction (une quinzaine de textes), contributions à des fanzines (une douzaine sont recensées). On trouve ensuite plusieurs courtes parties : la mention de l'unique pièce de radio et du seul juvénile de Rocklynne, la liste des textes sur l'auteur et des oeuvres non publiées ainsi que des appréciations de collègues. Un index des titres clôture l'ouvrage et est indispensable pour localiser où se trouve telle ou telle oeuvre de l'auteur sachant que Menville utilise un classement chronologique.

Après nous le délire (Casterman 1977).jpg

On a là un travail qui est probablement à peu près complet pour le domaine anglo-saxon mais qui, comme d'habitude dans cette série, pêche un peu sur l'international. Par exemple, si la parution en français de la nouvelle Randy-Tandy Man dans une anthologie chez Casterman est bien indiquée, celle de Jaywalker dans la première version de Galaxie est omise.

anglais,rocklynne,3 étoiles

Au final, et comme c'est souvent le cas pour les ouvrages à vocation strictement bibliographique, la plus-value apportée par cet opus réside non dans les données "brutes" (trouvables aisément ailleurs, comme ici), mais dans les informations périphériques révélées par le compilateur (titres initialement prévus, histoire éditoriale, appartenance à une série, utilisation de pseudonymes, etc.). Dans ce domaine, ce petit livre est une mine de renseignements originaux.

anglais,rocklynne,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

15/06/2013

_Here be dragons_

Here be dragons : Exploring Fantasy maps and settings : Stefan EKMAN : 2013 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-7323-0 : viii+284 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 27.95 USD pour un tp disponible chez l'éditeur (là : http://www.wesleyan.edu/wespress/).

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Un des nombreux lieux communs relatifs à la Fantasy est que tout ouvrage appartenant au genre est forcément muni d'une ou plusieurs cartes. C'est en voulant vérifier cette idée reçue que l'auteur, un universitaire américano-suédois et participant régulier à l'IFA, a décidé d'écrire cet ouvrage, et ce d'autant plus que ses recherches préliminaires ont montré que ce sujet n'avait jamais été véritablement abordé en profondeur. Comme ne l'avaient pas été les liens entre les éléments de géographie "physique" (l'environnement, le relief, la végétation ou le climat) et le récit qui sont ici abordés par l'auteur dans ce volume édité par une presse universitaire américaine à qui l'on doit un certains nombre de titres liés au genre (ouvrages de référence ou de fiction).

anglais,fantasy,2 étoiles

Après une assez longue introduction qui précise les contours du projet (y compris une tentative de définition de la Fantasy), la terminologie et la méthodologie employées, l'ouvrage comporte quatre chapitres principaux. Ekman aborde tout d'abord le sujet des cartes dans les livres (romans ou recueils) de Fantasy par le biais d'une étude statistique pointue qui porte sur divers paramètres (présence ou pas d'une carte, type de représentation, symboles utilisés, éléments présents...). Il se concentre ensuite sur la carte de la Terre du Milieu pour en tirer certains enseignements sur la stratégie narrative de Tolkien. Le chapitre suivant est consacré aux frontières et bordures chez divers auteurs (de Gaiman à Pratchett), ainsi qu'au concept de "Polder" (un terme apparu chez Kaveney puis Clute). La division entre nature et culture est ensuite étudiée dans le chapitre suivant. Ceci est accompli qui l'aborde par l'étude de plusieurs villes célèbres du genre : Minas Tirith (Tolkien), Newford (De Lint), New Crobuzon (Miéville) et Ombria (McKillip). Le dernier chapitre se penche sur une des caractéristiques propres aux mondes de Fantasy, à savoir le fait que leur état est souvent directement lié à celui de leur souverain. Il est illustré par des exemples tirés de Tolkien, Jordan et Donaldson. L'ouvrage se termine par une courte conclusion qui plaide pour plus d'études "topofocales" et est complété par divers appendices : la méthodologie exacte et complète utilisée dans le chapitre 2, une bibliographie primaire et secondaire et un index.

anglais,fantasy,3 étoiles

Il faut ici saluer la performance de Ekman, qui, avec cet ouvrage, réussit à intéresser un lecteur comme moi dont la Fantasy n'est pas la principale lecture. Le projet de l'auteur est en effet novateur et mené de façon très compétente et de plus agréable à lire. Le choix de ne traiter qu'un petit nombre d'oeuvres et d'auteurs (le tout étant quand même délibérément dominé par JRRT) a paradoxalement l'effet de renforcer les thèses de l'auteur en permettant un approfondissement qui aurait été impossible s'il s'était dispersé sur l'ensemble des textes composant son échantillon (200 titres sur 4300). Les résultats de son analyse sont à la fois conformes à l'expérience immédiate (par exemple on peut constater que les royaumes maléfiques se ressemblent tous) mais lui permettent, de par l'exploration de leurs légères différences, d'en tirer des constations originales et étayées.

anglais,fantasy,3 étoiles

La publication de cet ouvrage peut aussi être vue comme une frémissement manifestant l'émergence d'un discours théorique propre à la Fantasy et non, comme actuellement, un dérivé ou un sous-produit de celui développé pour la Science Fiction. Du coup, l'auteur "bute" un peu sur le manque d'outils spécifiques à la Fantasy, y compris au niveau du vocabulaire de base. Ceci peut expliquer les emprunts (que je trouve un peu envahissants) de termes inventés par Clute et ses acolytes dans leur Encyclopedia of Fantasy (voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/11/18/the-encyclo...), une terminologie que l'on peut estimer ne pas être encore complètement stabilisée même si elle est parfois reprise (par exemple par Mendelsohn). En tout cas, ce livre est une réussite (même s'il on aurait aimé avoir plus d'exemples de cartes) dont la démarche topofocale pourrait aisément être aussi appliquée à la SF (après tout, il y a parfois des cartes dans les ouvrages du genre).

anglais,fantasy,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

22/03/2013

_Bearings : Reviews 1997-2001_

Bearings : Reviews 1997-2001 : Gary K. WOLFE : Beccon Publications : 2010 : ISBN-13 978-1-870824-58-3 : x+449 pages (y compris index) : coûte 16 GBP pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (là : http://www.lxnen.com/rogerbeccon/index.html).

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Les amateurs de réflexion sur la SF connaissent bien Gary K. Wolfe. Ce professeur d'anglais est à la fois un universitaire ayant beaucoup écrit sur le genre (on se souviendra de son précurseur The known and the unknown un travail sur les icônes propres à celui-ci) mais aussi un critique qui officie tous les mois dans la revue Locus, un magazine qui est en quelque sorte le Journal Officiel de la SF&F anglo-saxonne. Faisant suite à Soundings (pour la période 1992-1996) et précédant Sightings (sur 2002-2006), cet ouvrage compile justement les critiques de l'auteur parues dans ce magazine entre 1997 et 2001.

anglais,3 étoiles

Après une introduction de Peter Straub et une préface de l'auteur, l'ouvrage se divise chronologiquement par années. Chaque partie rassemble donc les rubriques critiques correspondant à une année donnée (de celle de janvier 1997 à celle de Décembre 2001). Il est à noter que Wolfe a excisé une partie du texte, celle concernant soit des oeuvres qu'il considérait comme trop obscures (essentiellement des ouvrages de référence) soit celles relatives aux divers best-of annuels de la SF anglo-saxonne. A noter aussi que l'auteur n'a pas écrit sa rubrique durant deux mois en 2000. Le format de chaque entrée est assez constant et aborde entre deux et cinq ouvrages auxquels il accorde à peu près deux pages chacun. Un index (auteurs, titres et concepts) clôture l'ensemble qui ne comporte pas de bibliographie.

anglais,3 étoiles

C'est un toujours un plaisir de lire les critiques de Gary K. Wolfe, même pour ceux qui, comme moi, les ont déjà lues mensuellement dans Locus. D'une grande érudition et faisant preuve d'une grande cohérence dans sa vision du genre (même s'il s'en défend dans son introduction), cet ouvrage permet d'appréhender le paysage de la SF (Wolfe n'évoque que marginalement des oeuvres de Fantasy ou d'Horreur) et son évolution au fil des années passées en revue par l'auteur. C'est certes une approche plutôt pointilliste et basée sur des textes en nombre limité et relativement significatifs, mais elle permet d'obtenir une vision pas trop déformée du paysage éditorial US concernant le genre.

anglais,3 étoiles

Le problème essentiel avec cet ouvrage est que son utilité n'est pas forcément évidente pour un abonné à Locus (comme je le suis) qui, on peut le penser, aura lu les écrits de Wolfe au fur et à mesure de leur parution. Les autres types de lecteurs (sans doute la majorité vu que la revue ne compte que quelques milliers de lecteurs) pourront peut-être regretter l'absence des éléments bibliographiques permettant de localiser les livres en question (alors qu'ils sont présents dans la revue). Au final, un ensemble de qualité qui permet aussi de conserver de façon pérenne des écrits parus dans une revue à la solidité moindre.

anglais,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles